Le seigneur des joyaux [Gaïa]

La pente était abrupte et le danger certain. Ici dans les recoins les moins praticable de la montagne, seul des fous pouvaient s’aventurer jusque là. Mais qui dis risque importants dis aussi butin alléchant. Cette structure naturelle créée de toute pièce par de nombreux caprices géologique semblait des plus inhospitalier, jusqu’à ce qu’on se rende compte d’une zone où la terre semblait avoir été maîtrisée, façonnée par une main artistique.

Une surface plane rocheuse se dessinait à une altitude élevée où se trouvait différents outils dispersés par-ci par-là. Des pioches, des marteaux, des burins, des tenailles. Tout un attirail de sculpteur mais aussi un atelier de joaillerie rudimentaire. Ce petit coin isolé donnait aussi sur une grotte, dont l’entrée était éclairée par une torche.

Une silhouette importante en sortit. Un colosse aux traits dur, le teint brun de sa peau et la texture rocheuse qui la composait. On aurait dit la fusion entre un sumo et un golem de pierre. Sa coiffure en brosse avait le poil dru et châtain et il avait l’œil rude, tandis que sa mâchoire large et carré ne ferait qu’une bouchée d’une poignée de roche croustillante. Le goron faisait presque trois mètres de haut et un mètre de large en muscles. D’un bras il tenait le manche d’un marteau énorme qui reposait sur son épaule. Une arme sertis de nombreuses gemmes et sculptée avec une finesse sans pareille au point qu’elle aurait pu être une œuvre d’art en plus d’un fléau de combat.

Lorsqu’il fut dehors il reposa le marteau à proximité de l’entrée de la caverne.

« Pas de diamant aujourd’hui. Hmm... »

Il se retourna aussitôt en entendant quelque chose gratter non loin de là. A l’endroit où il venait d’entreposer des roches qui emprisonnaient encore des joyaux éclatant, une sorte de volatile noir fouillait les débris avec une patte. De nombreux morceaux de roches où étaient incrustés des éclats de rubis, émeraudes, saphirs et topazes commençaient à dévaler la pente derrière lui.

La créature de roche grogna largement et d’un pas lourd se précipita vers l’espèce de corbeau portant un chapeau sur la tête. Le volatile prit son envol aussitôt et le Goron balayait ses mains en l’air comme pour essayer d’attraper une mouche.

« Veux-tu bien…. GRRRRRHMMMMMM ! Hors de ma vue oiseau de malheur !
- Coooor ! Cornèbrrrrrr !
- Sale bête ! »

Finalement l’oiseau se prit une baffe violente et fut destabilisé en plein vol, l’obligeant à s’enfuir. Il s’éloigna alors de plus en plus loin au dessus du ravin. Pour autant, le colosse ramassa une roche tout à fait ordinaire à proximité et commençait déjà à viser.

« Tu ne t’en tireras pas à si bon compte, foi de Caillassin ! »

Le goron élança son bras comme une catapulte et le gros caillou fit son chemin comme un arme massive jusqu’à toucher avec précision l’oiseau en plein vol.

« BIM ! Ça te calmera un peu. »

Le corbeau perdit de l’altitude et le colosse suivit sa chute du regard. Lorsqu’il ne le vit plus il revint tranquillement à ses affaires, s’asseyant auprès de son atelier de joaillerie, basculant une loupe devant ses yeux et burinant une roche en granit enveloppant un rubis grâce à un petit marteau et un petit burin ne tenant qu’entre son pouce et son index. Le goron s’était alors mis à siffloter tranquillement un air qui ressemblait à ça.

Dans son éternelle quête de tranquillité et suite à l'échec de ses recherches dans diverses zones de l'île, Gaïa décida ce jour-ci de miser sur les montagnes rocheuses. L'altitude et la dangerosité du lieu allait en dissuader plus d'un, elle s'étonnait de ne pas y avoir pensé plus tôt. Il lui suffisait de trouver une grotte dans les hauteurs et d'en faire sa tanière. Car certes, la chambre qu'on lui avait attribuée au Colisée était très confortable, mais croiser du monde juste derrière la porte ne lui plaisait guère.

Revêtant sa forme originelle, l'hybride survolait les plaines jusqu'à atteindre les montagnes en question. Malgré leur hauteur, ce n'était pas une région neigeuse, ce qui était tout simplement parfait pour la Manakete qui ne supportait pas le moindre flocon. Elle entama tranquillement son ascension, tournoyant autour des pics rocheux à la recherche d'une grotte isolée et suffisamment grande pour l'accueillir.

Alors qu'elle prenait de plus en plus de hauteur, la dracène aperçut une grotte dont l'entrée était éclairée. Zut ! L'emplacement était parfait, mais quelqu'un y avait déjà élu domicile. Et ce quelqu'un était... Un homme-caillou ? Elle avait failli le confondre avec le décor, mais il y avait bien un individu devant l'entrée de cette grotte, sur une surface étonnamment plane étant donné les reliefs de l'endroit.

Son regard fut rapidement attiré par tout autre chose : des pierres précieuses. Étant friande de ces petits joyaux, leurs éclats lumineux ne pouvaient pas échapper à ses yeux de faucon. Une multitude de ces petits trésors étaient disponibles près de cette grotte, il lui suffisait de s'emparer de cet objet en forme de marteau qui en était couvert. Quelle drôle d'idée que de sertir un tel outil de gemmes, mais soit.

N'étant d'aucune discrétion sous sa forme bestiale et redoutant la force de ce colosse de pierre qui gardait l'entrée, Gaïa alla se poser hors de sa vue et changea de forme, revêtant son apparence de frêle humaine. Elle ne savait pas encore comment elle allait s'y prendre, mais ce dont elle était sûre, c'est qu'elle ne partirait pas d'ici sans un bijou. Elle partit donc à pieds vers la grotte, empruntant une corniche étroite qui aurait donné le vertige à n'importe quelle personne tenant à sa vie.

Une fois la zone plane atteinte, l'hybride regarda un peu autour d'elle tout en s'avançant vers la grotte. Elle se doutait que le colosse allait l'arrêter, mais elle fit mine de ne pas l'avoir remarqué, et de simplement visiter les lieux -ce qui était le cas. Il était assez surprenant de trouver ce genre d'endroit au cœur de montagnes aussi inhospitalières et difficiles d'accès, ce qui piqua davantage sa curiosité. Il lui fallait en apprendre sur cet étrange spécimen.

Le rythme périodique et la note aiguë du burinage de la petite pierre précieuse était réglée comme une horloge. Pas de coup plus fort qu’un autre. Sous ses airs robuste à pouvoir vous casser en deux entre ses larges bras, le colosse de pierre faisait preuve d’un geste méticuleux et mesuré. Jusqu’à présent, sa concentration était telle qu’il n’avait même pas aperçu la présence de la demoiselle. Ce n’est qu’en levant le caillou précieux vers le soleil pour vérifier sa brillance qu’il vit du coin de l’œil cette étrangère. Il tourna la tête aussitôt et l’interpella.

« Hé !... »

Puis il la scruta rapidement. Son accoutrement lui paraissait tout à fait fantaisiste mais il nota rapidement les oreilles pointues. Il se frotta le menton l’air pensif et poursuivit.

« Tiens je n’aurais jamais pensé croiser une hylienne par ici. Mais je me trompe peut-être ? Après tout ce monde est surprenant chaque jour. La preuve, vous avez réussi à arriver jusqu’ici alors que j’avais bien calculé mon coup pour qu’un simple humain ne vienne pas mettre les pieds ici. Grrrrrhm… Décidément on ne peut pas être tranquille dans le coin.»

Il rabattit la loupe sur un côté, posa la pierre précieuse sur le plan de travail, se releva et s’avança légèrement vers elle tout en gardant une certaine distance. Maintenant il devait baisser les yeux pour l’observer, et sa carrure forma une ombre au dessus d’elle. Finalement il croisa les bras.

« Vous aviez une quelconque raison de vous attarder dans les parages ? Pas que j’aime pas un peu de compagnie, mais je suis particulièrement méfiant, même avec de charmantes dames. »

La fin avait été dite sans aucune forme de galanterie, bien que cela s’y serait prêté. Le Goron se contentait juste de l’affubler d’une nomination positive. Il n’était pour autant pas attiré physiquement par elle, tout comme elle devait sans doute le voir comme un monstre rocailleux. C’était tout simplement une forme de respect qu’il se permettait, afin que son hostilité ne se fasse pas trop ressentir… pour l’instant.

Apparence du PNJ :

Sans trop de surprise, la créature rocailleuse l’interpella aussitôt qu’elle remarqua sa présence. Une hylienne ? Gaïa n’avait jamais entendu le nom de cette race, ainsi il ne valait mieux pas mentir en acquiesçant. Apparemment, et sans surprise encore une fois, il ne s’était pas attendu à recevoir de la visite. Il allait être un peu difficile de justifier sa présence dans un endroit aussi dangereux et reculé, mais Gaïa allait trouver. Elle laissait le colosse parler tout en y réfléchissant.

Un colosse, c’était bien le mot. La Manakete avait bien remarqué sa carrure imposante, mais une fois debout sur ses jambes certes courtes selon les proportions de son corps, il était encore plus grand que ce qu’elle avait pu imaginer. Mais ce n’était pas une inquiétude pour elle, surtout suite à ses derniers mots. Méfiant, mais pas agressif envers les femmes de sa carrure, du moins pas pour le moment. Il n’aurait certainement pas eu la même attitude face à un dragon.

La jeune humanoïde ne se laissa pas impressionner, mais ne prit pas le risque d’adopter une attitude hostile pour autant. Elle se contenta de lui adresser un sourire innocent, quelque peu charmeur, et joignit ses mains dans son dos, comme le ferait une personne timide.

« Oh, bonjour. Je suis désolée de vous déranger, je ne pensais pas croiser quelqu’un ici… Et je ne sais pas ce qu’est une hylienne, qu’est-ce qui vous a fait penser que j’en suis une ? »

Elle posait cette question par pure curiosité, mais aussi pour gagner un peu de temps pour trouver une excuse tangible. Mais vu la créature qui se trouvait face à elle et la méfiance dont il disait faire preuve, elle préféra lui répondre dès que possible plutôt que d’éviter la question et éveiller ses soupçons.

« Je m’aventurais dans le coin avec un ami, mais je l’ai perdu de vue pendant notre ascension… Je pensais aller jeter un œil dans cette grotte, mais peut-être l’avez-vous vu passer ? »

Son mensonge était un peu audacieux mais elle avait toute confiance en ses capacités à berner les gens. Elle n’avait certainement pas l’air d’être équipée pour gravir une montagne, mais la grande diversité de personnes et de créatures qu’elle avait pu croiser depuis son arrivée en ce monde lui avait appris que tout était possible, et qu’il ne fallait jamais remettre en question les capacités d’un individu.

Après tout, elle-même était bien placée pour savoir qu’une personne peut avoir l’air fragile, tout en possédant une puissance hors normes.

Le goron sembla légèrement détendu par l’attitude fragile qu’elle semblait dégager. Il décroisa finalement ses bras et se gratta légèrement la tempe avant de répondre. Il restait quand même surpris qu’elle ne sache pas ce qu’était une hylienne et il haussa d’ailleurs un sourcil, avant d’expliquer. Son ton se fit moins abrupte mais il restait quand même une créature avec du coffre dans la voix.

« Vos oreilles là, toutes pointues qu’elles sont. Ils disent même que ça servirait à mieux entendre les voix des déesses, mais moi j’y crois pas à ces conneries. Comme si quelqu’un pouvait écouter Hylia lui murmurer des mots. Des rêveurs sans doute, ou des illuminés. En tout cas c’est un ramassis de bêtises selon moi. Mais bref ! Donc vous êtes pas hylienne…hmm ?»

Il avait terminé en se frottant le menton, l’air pensif. Puis il réagit à son explication concernant la raison de sa venue. Voilà quelqu’un chose de cohérent, mais cela ne signifiait pas que cela le mettait de bonne humeur pour autant. C’est alors qu’une onde de fureur passa sur lui. On pouvait voir sa mâchoire se déformer et il allongea ses bras le long du corps tout en serrant les poings fermement. Il grogna légèrement dans sa barbe et se détourna pour faire face à la grotte, puis parla pour lui-même sans pour autant faire preuve de discrétion.

« Grrhhhhm… cette espèce de nabot rougeâtre, il était donc pas tout seul... »

Il tourna de nouveau la tête vers la dame aux oreilles pointues et fit son possible pour contenir son agacement.

« Oui je l’ai vu. J’ai dû le ligoter et le bâillonner dans un coin de la grotte pour qu’il arrête de m’ennuyer, et si vous pouviez me débarrasser de lui et foutre le camps de ma grotte ensemble, je vous en serais reconnaissant. Je peux même vous faire cadeau d’un sertissage de mon cru si ça peut vous intéresser. »

Il désigna l’entrée de la grotte avec une main ouverte presque accueillante, mais le geste restait pourtant ferme.

« Je peux vous faire suffisamment confiance pour ça ? Moi je dois rester ici, j’ai encore du boulot. »

HRP:

Gaïa prit note des informations que lui donna le colosse sur la race dont elle venait d’apprendre le nom, peut-être cela lui servirait-il pour plus tard. Ce qui était certain, c’est qu’elle n’avait jamais entendu parler d’une divinité nommée Hylia, et encore moins de cette histoire d’oreilles pointues faites pour entendre des voix divines. Mais au point où elle en était, plus rien ne la surprenait.

La créature de roche ne s’attarda pas sur la question de savoir de quelle race elle était, ce qui arrangeait bien la Manakete qui n’avait envie ni de lui en dire plus sur elle, ni de perdre du temps en bavardages.

Ses sourcils se haussèrent lorsqu’il mentionna un “nabot rougeâtre”, qu’il avait aussitôt associé à son mensonge qu'apparemment il avait gobé. L’hybride n’avait pas prévu que quelqu’un soit réellement dans la grotte, mais soit, si cela permettait de rendre son excuse crédible, c’était tant mieux. Quoique, cela voudrait dire qu’elle aurait à s’occuper de l’intrus.

Déjà contente que son plan fonctionne, Gaïa fut d’autant plus ravie lorsqu’il lui proposa de se rendre dans la grotte sans surveillance, et même de lui offrir une pièce de sa collection. Elle se garda de se montrer trop enthousiaste et se contenta d’acquiescer en souriant, la tête légèrement penchée sur le côté afin de diriger son regard vers l’établi de l’homme-caillou.

« Je suis désolée qu’il vous ait importuné, je vais aller le chercher. Mais dites-moi, seraient-ce des pierres précieuses que vous travaillez là ? C’est une activité bien atypique pour une personne de votre carrure. »

Elle n’avait pas dit cette dernière phrase dans un le but de le provoquer, mais plutôt sur le ton de la curiosité. Une armoire à glace qui taille des joyaux, on n’en voyait pas tous les jours, du moins, pas à sa connaissance. Il avait plutôt l’air taillé pour porter des choses lourdes ou se battre, mais certainement pas pour un travail aussi délicat et méticuleux.

Ah tiens, voilà qu’elle s’intéressait à son activité maintenant. Le goron s’adoucit de nouveau légèrement. Il rabattit son bras pointant vers l’entrée de la grotte et se tourna légèrement vers son atelier. Ensuite il posa ses poings sur les hanches et dévoila une certaine forme de fierté.

« Oui. Des rubis, des saphirs, des émeraudes, des topazes et bien d’autres pierres que j’ai déniché dans le coin. J’ai une bonne intuition pour repérer ce genre de filon. C’est juste dommage que je n’ai pas encore réussi à mettre la main sur un seul diamant. »

Il haussa ses larges épaules en hochant la tête d’un air légèrement déçu. Ensuite il éleva une main devant lui, paume vers le ciel puis affirma :

« C’est des grosses paluches ouai, mais faut pas s’y tromper, les Gorons ont toujours su produire un véritable travail d’orfèvre. On reste les meilleurs en terme d’équipement robuste. Vous savez, j'vais vous raconter l'histoire d'un Goron qui était cent fois plus grand que moi, on l’appellait Biggoron et il a forgé une arme très puissante pour un célèbre héros du passé qui devait bien faire votre taille. Biggoron a travaillé une arme qui pour lui n’était qu’un cure dent. Qu’importe la taille de notre carrure, on reste des pros ! J’ai certes pas les doigts de fée d’une Gerudo pour ce qui est de le joaillerie de haute précision, mais je me débrouille plutôt bien pour sertir des cailloux brillant sur des armes ou sur des protections. Occasionnellement je créé des bijoux. Mon marteau reste ma plus grande fierté. Malheureusement il manque quelque chose à mes productions... »

Il se gratta le menton l’air pensif et fait de nouveau face à la non-hylienne afin de lui confier :

« ...c’est qu’j’ai pas d’activateur magique sous la main. Vous savez je réalise toujours mes œuvres pour qu’elles soient prête à être renforcées par un quelconque enchantement. Résistance au feu, à la glace, à la foudre, même que je pourrais vous faire porter une bague de charme qui vous rendrais attirante pour le premier gaillard que vous croiseriez. Le problème c’est qu’il faut une écaille de dragon, de préférence… et les dragons c’était déjà très rare en Hyrule, alors en trouver un ici ? Hun ! C’est tout juste impensable... »

Il croisa de nouveau les bras, semblant de nouveau se concentrer sur la situation actuelle. Il se fit alors un peu plus insistant.

« Enfin bon, comme je vous l’ai dis, j’ai du boulot. »

Les yeux de Gaïa se mirent à briller légèrement lorsque le colosse lui énuméra la liste non-exhaustive des pierres précieuses qu’il travaillait, bien que les diamants n’étaient pas inclus dans sa collection. Elle aurait pu se mettre à baver si elle ne savait pas se tenir. Des joyaux de toutes les formes et couleurs… Il lui fallait absolument repartir avec un échantillon.

La Manakete écouta avec toujours autant d’attention les propos de la créature. Les noms qu’il énonçait ne lui disaient rien, mais comme toujours, elle gardait toutes les informations dans un coin de sa tête. Son excellente capacité de mémorisation était un atout dont elle savait se servir, et dans un monde regorgeant de nouvelles connaissances, pouvoir tout retenir était un véritable don.

C’est la dernière partie de son discours qui retint le plus son attention. Une écaille de dragon ? Il se trouvait qu’elle en avait sur elle, son accoutrement en étant serti à certains endroits. Et bien évidemment, elle était elle-même un dragon et gardait toujours quelques unes de ses écailles tombées naturellement dans sa sacoche, au cas où. Mais ses écailles avaient-elles le même effet que celles du monde d’origine du “Goron” ? Et révéler sa nature aussi facilement n’était pas nécessairement une bonne idée, quoi qu’il en soit. Mais il y avait matière à discuter. Et qui ne tente rien n’a rien.

« Et si je vous disais que je possède des écailles de dragon ? »

Ses yeux rouges restaient fixés sur le colosse face à elle, son regard étant plus assuré que précédemment, lorsqu’elle feignait l’innocence et la timidité. Il y avait là une opportunité de négociation qu’elle ne pouvait pas laisser passer. S’il s’avérait que sa nature lui permette d’apporter à l’artisan l’élément manquant à ses productions, elle n’allait pas se gêner pour en faire une monnaie d’échange.

Cette révélation soudaine venait littéralement de le rendre abasourdi pendant un moment. Il eut d’ailleurs un bref mouvement de recul, et avait aussitôt décroisé les bras afin de renforcer son air surpris. Il se mit à bégayer.

« Que… quoi ?! M-Mais… vous m’faites marcher là ! »

Il se ressaisit l’instant d’après et regardait autour de lui avec nervosité comme pour vérifier que les rochers n’avait pas d’oreilles, puis il se pencha un peu plus vers elle afin de rendre la conversation plus confidentielle et continua d’une voix plus faible, murmurant presque.

« C’est vrai ça ? Je veux dire, j’ai du mal à y croire. »

Il se racla la gorge et poursuivit.

« Si c’est le cas, alors vous serez la bienvenue ici à tout moment, je peux même partager quelques gemmes avec vous.»

Il se gratta la tempe et sembla se rappeler autre chose par la suite car il poursuivit aussitôt après :

« Mais que pour vous ! C’est même pas la peine que je fasse affaire avec votre ami rougeaud là. Lui il déguerpit, point. »