[Combat n°2] Liesel Hutto vs Gaïa

Gaïa fit trembler le bateau pendant une dizaine de secondes, avant de s'arrêter. Avec la force qu'elle y avait mise, le navire allait tanguer encore un moment. Si le mât avait encore été debout, elle aurait pu s'en servir pour retourner le bateau tout entier et noyer son adversaire. Dommage. Elle allait devoir se contenter de ce qu'il restait de leur lieu de combat.

La Manakete voulut profiter de ce moment d'instabilité pour se rapprocher de son opposante, dont la lame ne lui faisait pas peur. Elle doutait du fait que son petit couteau ait raison de sa peau écailleuse, ainsi elle battit des ailes afin de fondre sur la femme, toutes griffes dehors.

À peine eut-elle quitté le sol qu'une bombe atterrit pile entre le dragon et l'humaine, n'arrangeant pas l'état du navire. L'hybride se recula en un battement d'ailes et se posa de nouveau en tentant de garder l'équilibre sur le bateau qui tanguait davantage. Qui donc pouvait bien bombarder leur champ de bataille à un moment pareil ?

Jetant un coup d’œil autour d'elle, la dracène aperçut une sorte de tour armée de canons émergeant de l'océan, à une vingtaine de mètres du bateau. Elle eut bien envie d'attaquer ces imbéciles, mais en plus d'être hors de sa portée, ils envoyèrent une nouvelle bombe droit sur elle. Gaïa bondit et s'éleva dans les airs, juste assez pour éviter l'attaque, avant d'adresser un rugissement peu commode à cette tour étrange sortie de nulle part.

Le dragon attaqua de nouveau Liesel et ce, de manière surprenante et inattendu ! Il s'était de nouveau contenté de s'élancer en avant, griffes au clair, afin de déchirer sa chair. Malheureusement pour Liesel, connaître la profonde tactique du dragon ne l'empêchait pas d'être mise en danger par celle-ci. En effet, le balancement du bateau était devenu très important, trop important. Elle ne pourrait donc pas esquiver l'attaque à temps...

Mais le dragon fût soudainement stoppé dans sa course par une explosion ! Plus étonnant encore, celle-ci ne provenait pas de Liesel ! Il s'agissait d'un projectile tirer par une tour au milieu de l'océan ?! Il semblait cependant que la surprise n'était pas le monopole de Liesel sur ce coup, le dragon optant pour un cri de rage avant de s'envoler afin d'éviter d'autres projectiles.

Liesel ne se fit pas prier et se mit à courrir au milieu des explosions. Au terme d'un sprint endiablé, elle se trouvait là où elle le voulait : dos au poteau, fusil en main. Malheureusement, une des explosions avait réussi à l'attendre légèrement à la jambe. Elle prit donc une profonde inspiration avant d'enlever le bout de bois qui s'était logé dans sa chair, puis rechargea son arme, prête à en découdre une bonne fois pour toute avec son ami ailé.

Bien que fort incommodants, les bombardements subis par le bateau ne durèrent guère longtemps. Gaïa avait une forte envie de prononcer des injures à l'attention de cette tour étrange qui s'éloignait vers l'horizon à mesure que le navire avançait, mais elle avait besoin de conserver son énergie pour son véritable adversaire.

En parlant de la vermine, l'humaine avait apparemment récupéré son arme à boules explosives et trouvé refuge à la base du mât, en plein milieu du bateau. La Manakete, qui avait passé quelques instants dans les airs le temps que l'assaut se termine, se posa lourdement sur le poteau désormais couché sur le pont du navire. Cette fois-ci, elle n'allait pas se précipiter sur son opposante, car jusqu'à maintenant, cette manœuvre n'avait eu pour finalité que pour la dracène de recevoir des explosifs dans le museau, ce qui n'était pas très agréable.

Elle se contenta de se mettre à quatre pattes sur le mât, ailes repliées, et de s'avancer vers son ennemie, qu'elle ne quittait pas des yeux. Offensive jusqu'à maintenant et ayant besoin d'un petit instant de répit, l'hybride décida d'être plus observatrice et de voir ce que l'humaine déciderait de faire maintenant qu'elle était de nouveau armée. Une brume violette émanait de sa gueule, prête à attaquer à tout moment.

Le bombardement c'était tut. Le pont était vraiment dans un état lamentable, entre les grenades, les boules de feu et enfin le bombardement. Ça et là se trouvait des trous, des planches arrachées et du parquet brûlé.
Le pont de ce bateau ressemblait enfin à un champ de bataille.

Alors que Liesel reprenait son souffle, le dragon se posa sur les restes pitoyables du mât, ailes repliés et visiblement sur la défensive.
Bien, on pouvait voir que le dragon apprenait. Malheureusement pour lui, il n'avait pas encore vu le fusil en action, il ne l'avait que senti.

C'est donc alors que ce dernier avançait doucement, sa gueule émettant une brume étrange et inquiétante, que Liesel épaula son fusil. Son nombre de balle étant limité, hors de question de tout dilapider en une salve.
Elle prit donc le temps de visé calmement, quelques secondes tout au plus dans les faits, et pressa ma détente. Sa cible était proche et peu mobile : l'oeil gauche du reptile. À cette distance, elle était persuadé qu'il ne pourrait pas esquiver.

Gaïa s'avançait doucement vers son adversaire, gueule fumante, sans la quitter des yeux. Sans surprise, elle la vit pointer son arme de métal vers son visage, et prendre le temps de viser. Malgré les quelques secondes que cela prit, la dracène n'en fit rien. Elle avait confiance en sa peau de reptile, et après s'être pris quelques attaques de la part de l'humaine, elle savait à quoi s'attendre et pouvait ainsi anticiper la douleur. De plus, tenter d'esquiver éternellement n'allait la mener nulle part. On ne gagne pas sans souffrir.

Alors qu'elle préparait son attaque, le coup partit droit dans son œil gauche, ce qui ne lui plut guère et la rendit plus irritable encore. Cette garce avait définitivement envie de mourir, c'était officiel. Seul un fou irriterait un dragon de la sorte.

À la seconde où la Manakete reçut le coup, sa tête partit sur le côté dans un cri de douleur. Elle avait eu beau se préparer psychologiquement, ce coup précis était assez inattendu, mais ne la perturba pas pour autant. Ces armes n'existaient pas dans son monde, mais elle avait vu et subi des attaques bien plus violentes que cela.

Elle cracha aussitôt la boule de flammes qu'elle gardait dans sa gueule depuis son atterrissage droit vers la femme, puis fit un bond en avant, toutes griffes dehors afin de la saisir. Elle était désormais borgne, son œil lui faisant un mal de chien et ne pouvant plus s'ouvrir, mais elle ne pouvait pas laisser cela la stopper si facilement.

Visiblement, les dragons étaient vraiment à un autre niveau que les humains.

Alors que Liesel avait fait mouche, sa balle tranchant l'air avant de venir se loger dans l'œil de sa cible, la créature continua d'avancer.
Bien que tout ses coups ai toucher, impossible de laisser la créature au sol. À chaque fois, le dragon hurlait de douleur, sans pour autant abandonné. Il se remettait toujours sur ses pieds, sa détermination que grandit par les dégâts. Que pouvait bien faire une femme face à une telle résistance? Seul un Char d'assault aurait pu le coucher pour de bon, et encore Liesel commençait même à en douter...

Cette fois ci, c'était la fin.Le dragon avait lui aussi lancé son coup, une boule de feu tirée beaucoup proche pour que le caporal puisse espérer l'esquiver. Et même si par miracle elle réussissait, son adversaire lui fonçait dessus, toute griffe dehors, hurlant de douleur et de rage.

Elle resta immobile, encaissant les flammes. Elles furent extrêmement douloureuse, combinant la force d'une explosion et du feu. Tout cela lui évoqua la puissance de l'artillerie, et la dévastation qui la suit. Vraiment impressionnant ces bêtes là...

Elle lâcha son fusil, devenu plus encombrant qu'utile. Elle saisit de la main gauche son couteau, de l'autre sa dernière grenade qu'elle dégoupilla.

Dès lors que le dragon l'encerra de ses griffes, Liesel tenta d'enfoncer son bras droit au plus profond de la gueule du dragon.

"SI JE DOIS TOMBER, TU VIENS AVEC MOI!!!!"

Gaïa avait fait mouche, et put enfin saisir son adversaire de toutes ses forces. La dracène se serait réjouie intérieurement, et même vocalement, si elle en avait eu le temps, mais l'humaine avait toujours d'excellents réflexes et une détermination sans faille malgré sa position de faiblesse. Ces qualités qu'elle avait, la bête les trouvait tout simplement horripilantes, et surtout, elles lui empêchaient d'avoir pleinement l'ascendant sur cet insecte insignifiant qu'elle tenait fermement entre ses griffes.

Tout se passa très vite. Ses tympans sifflant déjà, la soldate lui hurla une menace tout en fourrant son bras dans la gueule de la Manakete avec une facilité déconcertante. Gaïa n'eut pas le temps de comprendre ce qu'elle allait faire dans son gosier, mais elle avait suffisamment de jugeote pour deviner que ce cela n'annonçait rien de bon.

Par réflexe et ayant bien envie de lui hurler dans les oreilles en retour, elle tenta en vain de prendre une bouffée d'air, sa gorge étant obstruée par ce morceau d'humain qui n'avait rien à y faire. Si son bras ne voulait pas sortir... Elle allait le faire rentrer. Dire qu'elle était végétarienne...

De toutes ses forces malgré la fatigue, le manque d'air et les blessures, la bête referma aussitôt ses mâchoires sur le membre de son adversaire, ses dents se plantant dans sa chair. Elle sentit du sang s'écouler sur sa langue... Quelle immondice ! Elle aurait recraché son déjeuner sur son ennemie si celle-ci n'avait pas une partie de son corps dans sa gorge pour l'en empêcher.

Ses crocs fermement plantés dans le bras de l'humaine et ses griffes l'enserrant avec poigne, Gaïa ne perdit pas une seconde et fit quelques pas de côté, vers le bord du bateau. Dans le désespoir, noyer son adversaire était sa dernière option. Elle se laissa tomber à l'eau avec la femme entre ses griffes, une vague les frappant de plein fouet avant que tout devienne noir.

Du point de vue des spectateurs, une grande quantité d'eau fut projetée vers le ciel. Certes, un gros dragon venait de faire la bombe avec un bagage dans les bras, mais la grenade qu'il avait dans le gosier avait ajouté un effet plus spectaculaire encore à cette chute finale. La Manakete, qui avait théoriquement fini en miettes, s'était figée sur un socle doré. Le trophée à l'effigie de la combattante s'enfonça doucement vers le profondeurs de ce lieu de combat éphémère, avant de réapparaître au milieu de l'arène, dans la réalité.