Qui dit château, dit dragon. Et qui dit dragon, dit.... Trésor ! [PV=Liesel Hutto]

L'esprit de Liesel était en paix. Un grand silence l'avait envahi subitement après avoir été frappé par le monstre. Aucune lumière ne lui parvenait, aucun son ne venait faire vibrer ses tympans... Face à l'immensité de ce silence, elle ne pouvait que se laisser porter par cette vague d'étrange réconfort qui lui parcourrait le corps.

"Je suppose que je suis morte alors..."

Elle ne ressentait rien à cette pensée. Si son heure était venue, alors ainsi soit-il ! Bien qu'elle avait foulé la terre pendant une courte période de temps comparé aux autres de son espèce, cela lui était bien égal. Sa vie avait été bien remplie, trop mouvementée même.

Alors qu'elle se laissait aller, la rigidité de ses membres disparut, la douleur de ses blessures laissant place à un repos longtemps attendu, une infime sensation de chaleur trouva son chemin au niveau de son visage.

Bien que ténu au début, la chaleur commença doucement à augmenter, tout en s'accompagnant d'un retour de ses sensations. Avec un flash lumineux, un picotement la parcourra de part en part, du plus petit de ses orteils jusqu'au bout de son nez.
Le soudain retour de la lumière du Soleil l'éblouissant, Liesel porta sa main au visage, cherchant à abriter ses yeux de cette agression inattendu. Ce qu'elle y trouva ne fut cependant pas à son goût...

Ses doigts trempèrent dans un mélange chaud et visqueux, plusieurs morceaux parsemant le liquide répandu sur son visage. Il ne fallu que quelques secondes à Liesel pour comprendre ce qui lui recouvrait le visage : il s'agissait de vomi, l'odeur particulière étant reconnaissable entre mille.

Elle se releva brusquement, la colère et le dégoût bataillant pour prendre le contrôle de ses émotions. En se faisant, elle tomba nez à nez avec la jeune dragon de plus tôt, cette dernière la dévisageant de ses grandes prunelles émeraude. Les traces de reflux gastriques habitant encore le coin de sa bouche dénonça à Liesel le coupable de cet assaut chimique.

"Non mais sérieusement, c'est quoi ton problème ?!? Tu joues dans des ruines et manques de mourir ! Tu ignores mes avertissements et nous tue presque toutes les deux en tombant sur une saloperie de monstre ! Et en plus, tu me vomis sur le visage pendant que je suis dans les pommes ! MAIS qu'est ce que j'ai fait pour mériter ça moi ?!?"

Hors d'elle, Liesel se leva pour se diriger vers son fusil toujours au sol un peu plus loin. Elle en profita par la même occasion pour enlever son t-shirt afin de se laver le visage, dévoilant de nombreuses cicatrices au niveau de son dos, avant de remettre son blouson.

Suite à la longue tirade de Liesel, la jeune draconide laissa montrer sa frustration, et ceux d'une manière plutôt impressionnante : elle abattit violemment ses poings sur le sol de pierre, propulsant des éclats de roches dans toutes les directions. Un fragment de roche vint terminer sa course dans le dos de la soldate, la douleur s'accompagnant d'un souvenir de sagesse : "Toi faire atta... Attention. Apparence petite humaine. Être forte et taper mal. Aneth attaquer moi sans prévenir."

Les mots de son ami squelettique résonnant dans son esprit, Liesel décida qu'il était temps pour elle de changer de stratégie : éviter d'énerver un dragon pouvait en effet être une bonne idée. De plus, elle ne devait pas oublier qu'Aneth n'était encore qu'une enfant, ces mots avaient donc peut-être été un peu trop durs pour la petite dragonide... Ces suspicions se confirmèrent avec la longue tirade qui suivit le coup de colère :

- C'est pas ma faute si ce satané poulet géant m'est tombé dessus, quand même ! Et pis j'ai pas fait exprès pour le vomi, oh ! Si j'avais eu le choix, j'vous aurais pas dégobillé sur le nez, hé ! J'aurais pas vomi du tout, d'ailleurs ! Alors arrêtez de me mettre tous vos soucis sur le dos ou j'vais faire un malheur !!!

Cela étant dit, la petite tenta de se relever, en vain. Cette dernière glissa dans ses rejets gastriques, son dos venant plonger en plein milieu de la flaque. Liesel ne put s’empêcher de laisser s'échapper un petit commentaire : "Eh beh, ce n'est définitivement pas ta journée."

Après avoir laissé s'échapper un léger soupire, Liesel se dirigea lentement vers l'enfant avant de lui tendre la main afin de l'aider à se relever.

"Nous n'avons visiblement pas commencé d'un très bon pied toi et moi, alors permet moi de recommencer. Je m'appelle Liesel Hutto, enchantée." Son visage s'arma alors d'un grand sourire. "Permet moi de m'excuser, j'ai été un peu trop dur avec toi : même si j'étais en colère, je n'aurais pas dû oublier que tu restes une enfant. Promets moi de juste faire plus attention la prochaine fois, s'il-te-plait."

La réponse de la petite prit la forme de légers sanglots, sa voix tremblante dénonçant les larmes qu'elle essayait tant bien que mal de retenir. Liesel pouvait ressentir la sincérité dans ses excuses. L'émotion de la fillette provoqua dans le cœur de Liesel un sentiment de culpabilité, la peignant comme responsable de la tristesse qui se présentait sous ses yeux. À l'opposé, sa logique clamait son innocence, son droit de s'être énervé contre le petit être, qui aurait fait sonner le glas de sa vie si ce n'était pour une quelconque magie inconnue.
Poussant de côté son conflit interne, elle dirigea de nouveau toute son attention envers le problème immédiat : la boule de tristesse qui se tenait devant elle, mucosité au nez et rejet gastrique recouvrant son dos.

"J'ai bien compris que tu ne souhaitais pas à mal. Seulement, frôler la mort met particulièrement bien les gens à fleur de peau..." Après avoir laissé s'échapper un léger soupire, la jeune femme regarda en direction de l'entrée de la cour. "Allez vient, j'ai vu un petit cours d'eau en montant ici. Allons nous nettoyer avant de visiter le château ensemble, si tu veux bien. Et ne t'inquiète pas, je ne pense pas que quoique ce soit ne puisse survivre à un bâtiment sur le coin du nez."

Comme pour produire un effet comique, un mouvement brusque émana du bâtiment en question : briques et poutres voletèrent dans toutes les directions, le poulet géant émergeant des décombres accompagnés d'un cri perçant. Fusil à l'épaule, Liesel se plaça instinctivement devant Aneth.

Alors que Liesel n'avait pensé qu'à bien faire, il semblait que son geste protecteur ne fût pas du goût d'Aneth. La petite ne prit la peine de lui grogner que quelques mots avant de décoller comme une fusée, tout semblant d'innocence enfantine évanoui.

"Attend, on devrait faire un plan ! "

Bien qu'elle est prononcée ces mots, la soldate doutait qu'ils parviennent à la petite : cette dernière se trouvait déjà à mi-chemin de leur ennemi. Il ne lui restait qu'une chose à faire, la couvrir, comme Aneth lui avait si gracieusement demandée. Posant genoux à terre, elle pressa la détente à deux reprises : BANG ! BANG ! La dragonne se trouvant entre Liesel et sa cible, les balles filèrent autour d'elle, frôlant le côté gauche de son bassin. Heureusement pour la malpolie, la soldate connaissait son affaire, évitant des dommages collatéraux. Mieux encore, les munitions, tirées à courts intervalles, virent se loger successivement dans l’œil gauche de la créature, la stoppant momentanément dans sa course.

Alors même que son cri de douleur percé l'air, une merveilleuse idée trouva son chemin jusqu'au cerveau de Liesel. Pour pouvoir la réaliser, il lui faudrait cependant un peu de temps. Gonflant au maximum ses poumons, elle tenta de couvrir le bruit de la créature :
"Aneth!!!!!! Occupe le pendant au moins une minute, j'ai une idée!!!!!!!!"

Espérant avoir été comprise par son acolyte de fortune, elle se mit à courir en direction des anciennes armes de siège. Si elle pouvait utiliser le scorpion trouvé plus tôt, le combat devrait tourner court.

Le message semblait être parvenu à Aneth : après un hochement de la tête plus que vigoureux, la jeune hybride repartant à la charge de la chimère à deux têtes. À l'aide d'une agilité exceptionnelle, elle bondit sur le dos de la bête, et tel un cow-boy, s'engagea dans un rodéo mortel avec l'animal.

Liesel n'avait pu s'empêcher de ralentir le pas afin d'observer cette élégante danse avec la mort. La fougue de la jeune combattante était captivante, un mélange d'animosité et de grâce que seuls les vrais guerriers pouvaient créer. D'une firme paire de claques, la soldate se rappela à la réalité : un combat à mort avec un poulet beaucoup trop gros pour son propre bien. Alors qu'elle reprenait sa course vers les restes d'armes antiques, elle laissa s'échapper une pensée : "On fait tout de même une bonne équipe toutes les deux."

Arrivant devant les décombres, elle les balaya frénétiquement du regard.
"Mais où est donc ce foutu skor...? À le voilà!"
Se précipitant vers l'engin, elle manqua de trébucher sur les gravats, se rattrapant de justesse à un bout de bois.

Une fois devant son objectif, elle rencontra sa première épreuve : il manquait un pied à la machine. À problème incongru, solution originale : se saisissant de d'un bout de bois de taille à peu près convenable, elle l’attacha au reste du pied d'origine à l'aide de la ceinture de son pantalon. Ce fut ensuite la corde qui fit défaut. Le lin résistait en effet très mal au passage du temps.
De nouveau, Liesel dut faire preuve d'ingéniosité. La sangle de son fusil, bien que n'étant pas conçue pour être une corde, possédait quand même certaines propriétés élastiques. Après quelques réglages, l'arme était prête, ne laissant que la question de la munition. N'ayant clairement pas le temps de tailler elle-même un pilum, Liesel se contenta d'attraper le bout de bois le plus pointu possible, et après quelques coups rapides de couteau, elle le plaça directement sur l'arme.

Il ne suffisait plus que d’attirer la cocatrix devant l'arme afin d'optimiser au maximum les dégâts.
"PAR ICI ANETH!!!!"