Qui dit château, dit dragon. Et qui dit dragon, dit.... Trésor ! [PV=Liesel Hutto]

À la surprise de la soldate, la jeune fougueuse tenait toujours sur le dos de la bête. Le haut niveau de dévastation entourant les deux êtres témoignait de la violence de leur combat. Là où se dressait auparavant fièrement le mur d'enceinte de la citadelle se trouvait désormais qu'un amas de roche et de poussière taché par le sang des béligérents. Cette vision de destruction d'un aussi beau vestige pinça le cœur de cette amoureuse de la vieille pierre.

Elle s'efforça de se reconcentrer sur l'essentiel : s'assurer que sa nouvelle amie et elle puissent survivre à leur malencontreuse rencontre. La jeune enfant semblait tenir bon, bien que son visage arbore des taches rouges des plus inquiétantes. Une chose était sûre, elle connaissait son affaire : à plusieurs reprises, le brouhaha de l'affrontement avait été percé par des hurlements stridents de la part du gallinacé, symbole de la réussite de la boule écailleuse. Son ardeur inspira en Liesel un respect nouveau.

La communication au sein du duo improvisé semblait marcher à merveille. Aussitôt que Liesel signala à son acolyte quelle était prête, cette dernière propulsa sa monture dans sa direction. L'amas de plumes et d'écailles filait à toute vitesse, fendant l'air de cris et de rires. La vitesse du volatile garantissait au projectile improvisé de percée chair et tendons. Elle devait maintenant juste s'assurer de perforer la bonne cible.

100m. Bien qu'elle soit entraînée à ce genre de situation, elle n'était pas pour autant immuniser à toute cette tension. 80m. Son rythme cardiaque s'accéléra, les bâtiments s'harmonisant avec le galop de la créature. 50m. Chaque  seconde semblait durer des minutes, si ce n'est des heures. 30m. Elle se devait d'être patiente, elle n'aurait pas de deuxième chance. 15m. Encore quelques mètres...

Fomp! Dès lors que sa cible se trouva à moins de 10 m, Liesel pressa sa gâchette improvisée. L'épieu transperça l'air, couvrant en moins d'une seconde l'espace la séparant de son but. Il atteignit l'animal en plein coup, déchirant tout sur son passage, tout autant les chairs que les muscles.

La mort de la tête de poulet fut instantanée, sans un son ou un cri. Ses pattes avant cessèrent leurs fonctions, la masse de plume s'écrasant sur le sol. L'arrêt ne fut cependant pas immédiat : la vitesse lui permit de porter une dernière attaque à Liesel et son arme improvisée, les écrasant de tout son poids.

Le bleu du ciel fut soudainement remplacé par un fracas de plume et de chair. Tout se déroula en un instant.
Avant même que la guerrière puisse se réjouir de la réussite de son plan plus qu'ingénieux, elle s'était trouvée plaquée par le cadavre de leur ancien adversaire, tel un dernier acte rancunier envers les envahisseuses.
Sous la masse aviaire, Liesel percuta violemment le sol, le choc expulsant de ses poumons tout l'air qui y était contenu. La panique étreint alors la jeune femme : l'air se faisait rare sous la bête, et le peu présent était chargé de poussière

De nouveau, son entraînement prit le dessus, l’amenant à rationaliser et à se calmer : une respiration haletante ne ferait qu’aggraver son sentiment d’asphyxie. Apaisant ses nerfs, elle tenta, en vain, de mouvoir ses membres : le poids du cadavre était important, clouant au sol l'intégralité de son corps. La moindre tentative se soldait pas un échec...

"Et merde..."

Son seul espoir pour sortir de cette situation plus qu'épineuse résidait avec Aneth, en espérant qu'elle ne se soit pas malheureusement faite épingler elle aussi par le scorpion.
Comme un écho divin, Liesel ressenti alors un infime mouvement de la carcasse. D'abord isolé, il fut rapidement succédé par un second, puis un troisième. Petit à petit, la dépouille se déplaçait vers la droite.
Elle sentit tout à coup l'air caresser son bras droit. S'armant de toutes ses forces, elle commença à se tirer vers la lumière, dans la direction opposée au mouvement de la créature.
Après un effort intense, Liesel réussit à extraire son buste de la prison plumeuse. Prenant une profonde inspiration, elle encouragea l'air frais à emplir ses poumons.
Elle posa ensuite son regard sur une petite dragonne exténuée et visiblement désemparée.
D'un geste délicat, la soldate vint caresser la joue de la petite, un sourire aux lèvres.

"Tu as été exceptionnelle, championne."

"Eh oui petite, je suis plus solide qu'il n'y parait, bien que moins que toi visiblement".

Le sourire qui irradiait de la dragonne était visiblement contagieux, encourageant celui de la soldate à rester solidement ancré. Acceptant volontiers l'aide qui lui était proposée, Liesel put enfin se rétablir sur ses deux pieds. La petite, visiblement à bout de souffle, prit le temps de s'asseoir un peu : son rodéo improvisé l'avait clairement laissé sur les rotules. Mais cela n'était visiblement pas suffisant pour l'empêcher de s'exprimer. De son côté, la jeune femme était partie en quête des restes du scorpion, ce dernier possédant toujours sa ceinture ainsi que la sangle de son arme.

"Oh, ne sous-estime pas à quel point ta contribution a été essentiel ! Sans toi pour occuper cette immonde curiosité, je n'aurais jamais eu le temps bricoler le scorpion comme je l'ai fait. J'aurais très certainement passé un sale quart-d'heure à dire vrai. Eheh.
Mais oui, je me débrouille plutôt bien avec les armes. Tu devrais voir celle du monde dont je viens, elles sont capables de rayer des villes d'une carte... Il est peut-être mieux que tu ne les vois pas tout compte fait !"

Seul les restes d'un des pieds dépassait du cadavre, par chance celui qui portait sa ceinture. La passant autour de sa taille, Liesel se retourna vers son acolyte :

"Eh, tu voudrais bien m'aider à pousser le poulet, il a encore... Attends, tu es plutôt pâle, ça va aller ? Je peux peut-être aller te trouver un peu d'eau si tu veux ?
"