Le prix de l'amitié - Partie 1 [Aneth]

La réflexion de sa compagne de fortune alluma une étincelle en lui. Et oui après tout, être roi offrait beaucoup d’avantages. Quand il reviendrait, il devrait peut-être solliciter quelques-uns des sous-fifres du château qui en ont marre de se faire taper dessus, afin de monter un coup d’état pour faire tomber ce gros pingouin trop gourmand et plein de diabète qui lui servait de souverain ! Hmm… mais alors il fronça les sourcils en pensant à autre chose. Comment ferait-il pour protéger son royaume des menaces telles que la gloutonnerie de Kirby ou la folie de Marx, et bien d’autre choses imprévues encore ? C’était facile de renverser quelqu’un, c’était encore plus compliqué de garder sa place et de se défendre contre l’extérieur. Dondadee soupira finalement et lâcha d’un air abattu.

« Je ne préfère pas trop y penser...»

Et pourtant Dondadee s’imaginait alors déjà aussi obèse et grognon que le Roi Dadidou, demandant à ses sujets de le faire rouler en boule, comme une barrique qu’on déplace entre les pièces du château pour qu’il se meuve sans effort dans son domaine. C’était vraiment une vie ça ? Même dans le pays des rêves c’était exagérément parodique. La paresse et la gourmandise à son paroxysme. Drôle de vie oui, vraiment.

Le waddle-dee hoqueta alors suite à cette pensée et ne put s’empêcher de laisser échapper un rôt avec un certain arrière-goût amer, comme une sorte d’aigreur.

« Oups pardon. Ça m’arrive quand j’imagine quelque chose de grotesque. »

Au fur et à mesure qu’ils marchaient, à leur gauche se tenait l’imposante chaîne de montagnes, tandis que loin devant eux on apercevait un semblant de végétation dense.

« Il nous faudra encore un moment avant d’y parvenir. J’imagine déjà Dindadoo être tout content quand il me reverra ! Ah et ne soyez pas surprise lorsque vous le verrez, il ne dispose que d’un seul œil en plein milieu du visage. C’est pas sa faute vous savez ?  Il est juste comme ça. C’est un Doo après tout. Un seul œil, mais un œil puissant !» s’exprima-t-il en brandissant sa lance en l’air sur la fin.

La réponse gastrique de son interlocutrice avait réussi à le surprendre. Il s’était mis à sursauter à cause de ce bruit si puissant. C’était vraiment pas ordinaire se disait-il. L’étonnement laissa alors rapidement place au soulagement lorsqu’il enchaîna avec une réflexion toute simple. Il lui était arrivé d’entendre le Roi éructer à ce point que cela faisait trembler tous les murs du château. Ramenez ceci au fait que tout le monde au pays des rêves savait à quel point le Roi était fort. Il n’y avait pas de doute pour lui sur le fait que la puissance de la personne se reflétait aussi par cette action somme toute, naturelle. Aneth était donc presque aussi puissante que le Roi Dadidou. CQFD ! C’était en tout cas ce qu’avait conclu le petit bonhomme. Il affirma alors à l’hybride :

« Vous feriez sans doute une puissante reine, en effet ! »

Elle le reprit ensuite sur sa façon de manier son arme. Ce n’était pas la première fois qu’on lui faisait une remarque de ce type.

« Vous avez raison, je vais faire gaffe. Un jour j’ai assommé quelqu’un avec ma lance en me retournant. J’ai su par la suite qu’il s’agissait d’un espion en train de s’enfuir. Haha ! J’ai euh… été récompensé pour ma maladresse... » Expliqua-t-il avant de se frotter le menton d’un air perplexe.

Puis finalement le souvenir de cette situation absurde le fit rire aux éclats. Un rire qui fit écho à travers la plaine, un rire qui se répandit faiblement jusque dans les montagnes, jusqu’à ce qu’il soit cassé et atténué devant cette obstacle de roche particulièrement imposant. Le vent s’était levé vers le nord et portait encore quelques bribes de ce rire candide. Une bourrasque s’éleva en altitude comme si le courant d’air essayait de trouver un chemin face à cet obstacle naturel.

Le rire s’estompa pour de bon et laissa alors place à la lamentation du vent, provoqué par le courant d’air sifflant. Cet air malheureux parvint alors jusqu’aux oreilles d’un homme dont la cape trouée de toute part s’agita dans l’instant, se soulevant légèrement pour dévoiler l’armure qui le protégeait. Une capuche fut également brusquée et ramenée en arrière révélant le visage d’un homme balafré. Il se tenait droit devant une large épée plantée dans la roche, dont il tenait le manche avec une main.

Il prit le temps d’observer les deux infimes silhouettes se mouvoir dans la plaine à plusieurs centaines de mètres de là. Il reconnaissait le plus petit individu sphérique mais prêtait surtout attention à la silhouette plus grande. Il lâcha alors d’un ton calme.

« Le pari était bon. Le villageois a enfin crié au loup et les renforts arrivent. »

Puis il dévoila son autre main qui se trouvait vers l’arrière et souleva une sorte de figurine d'environ un mètre cinquante de haut, représentant un ange en posture victorieuse qu'il tenait par le cou.

« Je commençais vraiment à m’ennuyer. »

C’est alors qu’il ouvrit la main et laissa échapper le trophée de façon nonchalante, un air de dédain sur son visage. Sans se pencher il observa la silhouette inerte dégringoler alors sur tout le long de la pente, jusqu'à ne plus y prêter attention.

« Même pas divertissant... »

Déçu, il retira ensuite la grande lame avec une seule main, se retourna avec un revers de cape et disparu pour de bon.